Déambulation et contemplation, façons d’écrire dehors

Pour écrire la poésie dehors, il y a le mode « déambulation », en mouvement, j’en parlais ici, et il y a le mode « contemplation ». Il s’agit dans les deux cas de se connecter à son corps, de mettre ses sens en éveil dans l’attention à ce qui nous entoure et ce que ça nous fait sentir, ressentir.

En mode « contemplation », on choisit un spot, un endroit où l’on a envie de s’arrêter, de faire une pause, de rester un petit moment tranquillement, un coin, un banc, au pied d’un arbre, sur une pelouse, une terrasse où l’on se sent bien. Chacun son spot.

Une fois installé, dans un premier temps, ne rien faire d’autre que respirer, souffler, prendre le temps d’être là, de contempler, d’apprécier avec tous nos sens.

Puis vient le temps de sortir carnet et stylo et de commencer à noter mes observations en liste, en allant à la ligne à chaque nouvelle observation. Ça peut durer dix minutes, ça peut durer une heure, au choix. On peut faire des pauses et reprendre. On peut alterner les sens sollicités entre chaque ligne. Ce matin, pour moi, ça donne :

 

Le ciel d’un bleu immaculé

La chaleur s’installe et me cloue

Déjà la soif

Le bruit des camions de chantier

Je ne sens rien.

 

Vue. Toucher. Goût. Ouïe. Odorat

 

Ou alors, on note ce qui vient spontanément sans faire attention au sens sollicité et ça donne :

 

Plus forts que les chants d’oiseaux, le bruit des voitures sur la route

J’entends la tourterelle

Mon ventre

L’herbe sèche déjà

Un brin de lavande cassé

 

Léger courant d’air

Les ombres dansent au mur

Le bip-bip de recul

Se concentrer sur les chants d’oiseaux

Interrompue par le lézard dans les feuilles sèches

Ça craque

Je sursaute

Juste le temps d’apercevoir le bout la queue.

 

Et ainsi de suite.

 

Qu’est-ce qu’il se passe alors ?

A faire attention et noter ainsi les choses, on fait abstraction de ses soucis du quotidien, on se concentre sur le présent et ce qui nous entoure vraiment, on voit ce qui retient notre attention et ce qui nous rend vivant. Et surtout, à écrire ainsi, le souvenir de ce moment restera bien vivant et très précis dans votre mémoire car vous l’aurez ressenti par tous vos sens, tous les pores de votre peau.

Une douce torpeur s’installe, on se détend, on baille, on se vide, on sent poindre la fatigue d’avoir déposé les armes pendant ces dix, quinze, vingt, trente, quarante-cinq minutes de poésie du quotidien et de décompression.

Pour lire quelques-unes de mes contemplations, c’est ici.

Cloé Przyluski

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