La déambulation poétique ou écrire un poème de rue

 

Ceci est ce que j’appelle une pratique de résistance poétique. Un temps d’arrêt dans la frénésie ambiante.

Pour pratiquer, du papier, de quoi écrire et de l’attention en pagaille, cela ne coûte rien.

Juste besoin de prendre le temps de prendre le temps de le faire.

 

La déambulation poétique, c’est quoi ?

Marcher selon sa fantaisie, sans but précis. Un déplacement gratuit, à pied.

A cela s’ajoute l’écriture. Elle se fait en marchant, en mouvement, « à sauts et à gambades » chère à Montaigne.

Dans l’attention à ce qui se passe au dehors, tout autour de nous et au-dedans, dans l’intimité de notre esprit et de notre corps, tout à la fois.

Il faut y être. Concentré et disponible.

Il s’agit de se faire flâneur, sorte de vagabond observateur, le temps d’une déambulation poétique. Pour saisir l’instant, à notre façon.

 

La déambulation poétique, à quoi ça sert ?

Déambuler

pour aller prendre l’air

pour faire de la place

pour se donner de l’espace

pour prendre la liberté d’explorer un autre chemin,

par fantaisie

Déambuler

pour écouter sans en avoir l’air, capter mon air du temps et mettre l’écriture en marche.

 

La déambulation poétique, comment faire ?

Je pars d’un point A, j’arrive à un point B. Tous les chemins mènent à Rome. Testons.

Aujourd’hui, je prends les chemins buissonniers. Je change d’itinéraire quoi. Je me laisse porter au gré des rues qui m’appellent. Comme ça. Avec de quoi écrire.

Et j’écris un poème de rue ou poème buissonnier. Inspiré du poème de métro de Jacques Jouet, membre de l’OULIPO.

A quoi cela peut-il bien ressembler ?

Déambuler, s’arrêter. STOP. Chaque sens en éveil. Je regarde. J’écoute. Je renifle. Je touche. Je goûte. J’écris la première observation, sensation qui me vient et qui fait tilt. Je reprends mon chemin.

Tourner à gauche au lieu de tracer tout droit.

Déambuler, s’arrêter. STOP. Même exercice. J’essaie de me retourner pour voir. Je vais à la ligne et j’écris ce qui attire le plus mon attention. Je repars.

Prendre une rue que je ne connais pas.

Déambuler, s’arrêter. STOP. Même exercice. Tiens, et si je regardais en l’air, qu’est-ce que j’observe ? Hop, j’écris. Je reprends la route.

Tourner à droite au lieu d’aller à gauche.

Déambuler, s’arrêter. STOP. Même joueur joue encore. Un seul sens à la fois. J’écris ce qui est là, devant moi, sous mon nez.

Et ainsi de suite. Jusqu’à épuisement du temps imparti, du trajet ou du joueur même.

 

Cloé Przyluski

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