Faire l’expérience de la beauté

Ça se passe de mot. Lorsque l’on fait l’expérience de la beauté, on a le souffle court. Dans un premier temps, on ne souffle mot. On est surpris. Et on savoure. Ça oui, on savoure. Ça n’arrive pas tous les matins.

On se dit même que cela valait toute la peine du monde d’attendre ce moment où l’on est pétrifié par un mélange de stupéfaction, de joie, de puissance, d’incompréhension et de profonde connexion avec je-ne-sais-quoi.

On peut même se dire que toute notre vie, nous avons attendu de voir ça, de ressentir ça. On se sent à sa place, au bon endroit, au bon moment.

Faire l’expérience de la beauté arrête le temps. L’expérience en elle-même est éphémère mais le temps lui n’a plus cours. Ce temps-là est incomparable. Il a la saveur de l’éternel. Une minute de beauté pour l’éternité. C’est souvent d’ailleurs de cette minute dont on se souviendra. Cette beauté peut venir nous réjouir pendant encore des années à venir.

Cette expérience de la beauté, même si elle est partagée, et elle se doit de l’être si cela est possible sur le moment, reste unique dans le cœur de chacun. Elle donne à la vie tout son sens. On pourrait même penser à se damner pour faire l’expérience de la beauté encore et encore.

Cela peut sembler inatteignable, inespéré de pouvoir et de vouloir faire l’expérience de la beauté, partout, tout le temps. On a tendance à se dire que cela n’est pas pour nous. D’ailleurs, qui peut faire l’expérience de la beauté partout, tout le temps, franchement ? Bonne nouvelle, cela peut être nous.

C’est que faire l’expérience de la beauté demande de l’entraînement. Du cœur et de la vie. La vie dans ce qu’elle a de plus simple, de plus pur, de plus élémentaire. C’est parfois juste arriver à sentir son cœur battre devant un fait tout à fait anodin. Une image qui attire notre attention. Un petit mot prononcé à propos. Une lumière saisissante.

Certes, il y a la beauté universelle d’un paysage à couper le souffle. La beauté extraordinaire. Largement reconnue.

Mais, et c’est ça le plus beau justement, il y a la beauté ordinaire. La beauté de l’ordinaire. Celle-là, on a tendance à ne pas la voir. On peut passer son temps à passer à côté. Certains passent leur vie à ne pas la voir car ils sont trop occupés ailleurs.

La beauté, on peut aller la chercher à l’autre bout du monde. Sauf qu’elle est là à côté de nous. Dans nos gestes quotidiens. Dans le plus infime des gestes que parfois l’on dédaigne.

Prendre conscience que la beauté est à portée de main rend la vie infiniment plus belle. Nous avons le pouvoir de créer cette beauté, notre beauté. Nous avons le pouvoir de choisir de voir la beauté dans les moindres recoins de l’existence.

La beauté est dans le calme du petit matin. La beauté est dans l’enfant qui se réveille doucement. La beauté est le rayon de soleil qui frappe au carreau. La beauté est dans la goutte d’eau qui peine à tomber de la gouttière. La beauté est dans la feuille qui tombe doucement de sa branche. Elle est dans ce bol préféré que l’on sort invariablement chaque matin au petit-déjeuner. Elle est dans cet article de journal si bien écrit qu’on y pense encore des jours après. Elle est dans cette chanson que l’on entend fort à propos à la radio.

La beauté est là. Dans le petit rien du quotidien.

 Par Cloé Przyluski

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