A chacun son truc

Moi, c’est le collage.

Improbable mais vrai. Il paraît, selon l’honorable Oscar Wilde, que l’ « on devrait toujours être légèrement improbable ». Alors pourquoi pas ?

Collage de papiers, collage de mots, assembler des choses qui au départ n’ont rien à faire ensemble. Créer quelque chose de nouveau, issu de mon expérience, de mes ressentis. Sur le moment. Quelque chose qui voit le jour, là maintenant, sous mes doigts, sous ma plume. C’est galvanisant.

Cela vient spontanément sans y penser. Je n’ai presque rien à faire en vérité. Sauf à être disponible, à rendre mon esprit disponible au présent. Là, maintenant.

J’aime explorer, expérimenter à partir de rien. Car en apparence ces bouts de papier ne sont rien. Bon nombre d’entre nous les auraient déjà jetés. Mais, j’y vois quelque chose. Je pressens que quelque chose pourrait naître de ces rebus. C’est plus fort que moi.

Le spontané est insaisissable. « Les voix du seigneur sont impénétrables. » C’est ce qui se dit. Il se passe des choses qui ne sont pas de l’ordre de ma conscience. Je décide de me mettre à découper, mais je ne sais jamais à l’avance ce que cela va donner.

Et parfois, je m’engage dans un collage, dans une voie qui va en ouvrir une autre et une autre et encore une autre. Je peux passer un temps infini sur un collage sans trouver d’issue. Par contre, en parallèle, j’en fais un autre en un temps record qui me plaît. Sans commentaires.

Découvrir le collage s’est fait là encore de manière non préméditée. Il me suit depuis à peu près vingt ans. Je l’ai pratiqué par intermittence chez moi ou lorsqu’un exercice m’était proposé dans le cadre des études ou d’ateliers que j’ai pratiqué çà et là. C’était facile pour moi, j’y prenais du plaisir sans réaliser que ça pouvait être mon truc.

Par contre, j’ai gardé tous ces collages que j’ai pris plaisir à faire. Sans vraiment y penser. Dont une sorte de mood-board personnel réalisé en cours en 2004.

Lorsque j’ai fait cet exercice, j’ai senti que quelque chose se passait. Je me suis absorbée dans la recherche d’images, de mots et dans le collage. Je n’ai pas réfléchi, j’ai écouté ce qui venait spontanément. Et, ce collage a encore du sens aujourd’hui.

Et c’est parce que j’ai envie de partager avec vous ce que cela m’a apporté à moi que je propose des ateliers de collage.

En faisant un jeu de découpage et de collage en apparence anodin, on met à jour des éléments de vie qui nous touchent particulièrement.

Sans faire de la psychologie de comptoir, cela permet de relâcher notre sérieux car il nous semble faire un jeu enfantin à la portée de tous. On le fait dans la légèreté, sans y penser. Et c’est dans cet état d’esprit qu’il faut aborder la chose et le faire.

Il n’y a pas de résultat particulier à attendre. Ni à être dans un état d’esprit particulier. Il suffit d’être là, d’être soi. Sans jugement. Oublier le reste autour, faire abstraction et s’absorber dans ce que l’on fait, tout entier. Etre si concentré que le temps n’a plus cours. Se prendre au jeu et y aller chaussés de nos paires de ciseaux. C’est un exercice puissant sans que l’on s’en rende compte sur le moment.

Tu parles d’un truc, toi. Faire un collage. Découper des images et des mots dans un magazine, tout le monde peut le faire. Mais la vérité c’est : est-ce qu’on le fait vraiment ? Est-ce qu’on prend le temps de le faire si on n’y est pas invité ?

Ça n’a l’air de rien et c’est ce qui fait toute sa force. S’il y a quelque chose à retenir c’est ça : c’est un tout petit rien dans notre univers mais qui peut apporter gros.

C’est un jeu, prenons le comme tel, c’est là que les meilleures surprises apparaissent.

 Par Cloé Przyluski

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