Les oiseaux n’ont que faire de notre hystérie

La nature poursuit son œuvre. Avec mystère. Avec fougue. Avec rien. Elle n’a besoin de rien ni personne pour continuer. De là où je suis, je la regarde. J’essaie de me contenter de ne faire que ça. Question d’habitude perdue. Je contemple donc. Je m’essaie à l’émerveillement devant le printemps qui chaque année revient. Je le fais chaque jour histoire de voir si ça remet les idées en place.

Rien de plus beau que ces prunus en fleurs. Rien de plus beau que ces toutes petites feuilles vertes éclatantes qui apparaissent aux branches des arbustes. Rien de plus beau que la lumière vive du soleil sur ce tableau. Rien de plus apaisant que de regarder ce spectacle. Jusqu’à l’ennui.

Jusqu’au besoin de revenir au quotidien. Au bruit. A l’action. Par petites touches. Ne rien précipiter. On a le temps de voir venir. Pour une fois que l’on a le temps de vivre, prendre le temps, l’étirer à l’infini. Autant que possible.

Lutter contre le virus de l’action immédiate. Contre l’envie de l’ouvrir pour combler le silence. Contre notre propension à gesticuler. Contre notre envie de ne pas trop penser. Lutter pour aller chercher la force au fond de soi. Cette force intime qui nous dit que l’on n’a pas besoin de grand-chose pour vivre.

Se taire. Ne plus souffler mot. Se faire oublier. S’évanouir dans le paysage. Disparaître. Ecouter la vie. En silence. Résister à l’envie d’ajouter son grain de sel. Se dissocier. Résister. Dire non. Dire stop.

Tétanie. Plus un geste, rien ne bouge, à l’arrêt. Se complaire un temps dans la sidération. Digestion longue. Somnolence.

L’immobilité fructueuse. Observer, réfléchir. Réfléchir, observer. Que ça à faire.

S’économiser. Goûter l’essentiel : la joie d’être en vie.  Se lever, manger, dormir, rire. Et puis, jouer tant qu’on y est.  Avec ou sans enfants.

S’armer de notre plus belle patience. Repenser notre essentiel.

Faire face à l’immensité de ce ciel bleu qui semble nous faire un pied de nez et nous rappeler que rien n’est plus beau que ça.

S’effacer. S’oublier un peu pour mieux se retrouver.

Cloé Przyluski

PS: Au départ de ce texte, 3 mots, soufflés par le vent: mystère, hystérie, ennui. Si cela vous dit d’écrire un petit texte à partir de ces 3 mots, ne vous gênez pas.

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