Poésie, où es-tu?

Il y a des jours où rien n’émerge du quotidien. Pas un brin de poésie. Elle reste cachée. Inaccessible. Pas même un petit signe. Ni la moindre trace d’une étincelle.

Et pourtant, la poésie est partout pour qui veut bien prendre le temps de la voir. Elle imprègne chacun de nos mouvements, chacune de nos actions. La poésie est la petite chose, le petit geste inattendu, la folie passagère. Elle est dans l’instant, le moment où l’on sent une émotion, une sensation monter en soi. Fugace mais puissante. On sent l’écho en nous. Il s’est passé quelque chose de presque imperceptible que l’on a saisi.

La poésie est ce qui rend la vie plus belle. Elle est là en suspension dans l’air. Nul besoin d’en lire ou d’en écrire pour en comprendre la portée. On a tous fait l’expérience de la beauté un jour devant un paysage à couper le souffle. Reste qu’on ne va pas attendre le paysage à couper le souffle au coin de la rue. Reste à chercher la poésie dans la vie de tous les jours.

On a beau chercher notre bonheur dans un ailleurs que l’on imagine toujours meilleur que notre quotidien, tout est là dans ce que l’on vit. Dans le présent. Tout se joue dans notre présence à ce qui se passe et à ce qui est.

Tellement pris dans la liste des choses à faire, on en oublie le sens de l’existence. Ce qui en fait sa profondeur et sa beauté. On se perd dans des dédales de considérations sans fin sans prendre le temps de souffler et de choisir ce qui nous apporte vraiment quelque chose de substantiel. On finit par ne plus regarder plus loin que le bout de son nez. Embourbé et à mille lieux de ce brin de poésie qui parfois nous assaille.

Chaque jour, la poésie peut surgir. Et en s’entraînant à la saisir, elle peut survenir de plus en plus souvent. La différence, c’est que l’on est beaucoup plus attentif à ce qui se passe.

En étant plus réceptif, on prend le risque de se faire surprendre à chaque instant par la poésie. On risque de découvrir une vie ô combien plus savoureuse. A tout bien réfléchir, c’est un risque que nous devrions accepter de prendre immédiatement.

Commet créer les conditions pour se rendre disponible à la poésie du quotidien ? Prendre le temps de s’arrêter séance tenante à tout bout de champ dans la journée et faire le tour de ce qui nous entoure. S’arrêter sur chaque chose et la regarder comme si on la voyait la première fois. Regarder le ciel par la fenêtre. Faire attention aux sensations qui nous habitent. Essayer de mettre un mot sur ce qui se passe en nous à ce moment-là.

Faire un arrêt sur image, prendre un instantané au moins mentalement de ce qui se présente à nous. Ça peut être ce mec au square qui fait jouer son chien avec le reflet de lumière sur son téléphone. La scène est cocasse et bien des jours après elle reste en mémoire. Ou encore c’est le titre d’un film qui nous arrache un sourire. Ou cette chanson qui tombe à pic à la radio. Ou le chant de l’oiseau, seul, tonitruant que l’on cherche dans l’arbre au-dessus de nous.

Tout est poésie. Tout et rien à la fois. A chacun sa poésie. Elle est tapie en chacun de nous. Attendant son heure. Attendant une petite place dans notre existence pour se pointer. Laissons-lui une chance de s’exprimer. Cultivons notre attention au détail, à la moindre parcelle de ce qui nous arrive.

Mais alors les jours où la poésie reste absente, cela reste un grand mystère. C’est que les conditions ne sont pas réunies. Rien ne sert de la presser, de la rechercher à tout prix, elle se dérobera. Il y a des jours comme ça.

Cloé Przyluski

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