On est d'accord, ceci n'est pas un bourdon!

Ca dure deux secondes…

Ça dure deux secondes, à peine le temps de le dire, tout juste le temps de le voir et c’est déjà fini.

Dans ce laps de temps, on a cru que le temps s’arrêtait. L’espace de deux secondes plus rien n’avait d’importance. Le bruit, le monde, les embouteillages. Plus rien.

D’un côté le soleil, de l’autre le ciel noir. On voyait bien depuis un moment qu’on se rapprochait du mauvais temps. Le vent, quelques gouttes de pluie avant-gardistes. On sentait la pluie arriver sans savoir quand elle allait tomber.

Et d’un seul coup, ça y est. Il pleut. Une petite pluie fine sur le pare-brise alors que le soleil donne encore de la voix sur les talus fleuris. C’est beau ces fleurs au milieu de la circulation. Le feu est si long qu’on a bien le temps de les étudier !

Et soudain, en y regardant de plus près, entre les gouttes, un semblant d’arc-en-ciel en suspension au-dessus de la chaussée. On est ravi. On cligne des yeux, on veut en profiter le plus possible, mais ce n’est déjà plus là.

Sauf que, la magie a opéré car on se sent instantanément plus calme. Comme rassasié. Comme s’il ne pouvait plus rien nous arriver. La tension est retombée sans mot dire.

On a beau être dans sa routine, lorsque l’on est témoin de ces merveilles de la nature, on est chaque fois ébloui. On se sent unique comme si on était le seul à le voir. Comme si la nature nous avait offert ce cadeau à nous qui avons su regarder.

On savoure. Vite, très vite. Et le feu passe au vert. C’est reparti de plus belle.

C’est fou comme d’être au volant change le comportement des gens. Vous ne trouvez pas ?

Des instantanés de vie, on peut en saisir partout et tout le temps. La seule condition est d’être attentif, attentif à ce qui se passe autour de nous et en nous. A l’écoute. Alerte. Comme en attente. Sans l’être.

Hier, c’était à la radio. Le vol du bourdon du compositeur Rimski-Korsakov à l’écoute. Le morceau est très court et va très vite. Rien d’étonnant on parle du vol du bourdon. Franchement, dès les premières notes, on se sent dans la peau du bourdon. Ses péripéties. On l’imagine passer d’une fleur à l’autre, frôler les obstacles, échapper maintes fois à la mort, voler en tous sens.

On s’y croirait vraiment tant la musique retranscrit la réalité. Et on se dit que c’est tout simplement génial. Que la personne qui a imaginé reproduire le vol du bourdon avec un des instruments de musique, un orchestre, a eu une idée de génie.

Une idée intemporelle. Et une fois encore, le temps s’arrête au moins le temps du morceau et quelque temps encore il flotte dans l’air comme un parfum de plénitude. Une sérénité toute nouvelle s’est installée en nous.

Inévitablement, pour penser à ça, le compositeur a dû s’arrêter, contempler, être à l’écoute pour en reproduire parfaitement le son. Il a eu cette lumière, cette étincelle qui donne à l’instant toute sa fraîcheur, toute sa saveur.

Ephémère. Ça ne dure pas. Ça nous glisse entre les doigts. Et c’est ça le meilleur.

 Par Cloé Przyluski

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