Se donner une contrainte poétique d’écriture ou de collage par jour, ne serait-ce que dix minutes et s’y tenir. S’extraire du bruit du monde, le temps d’un moment, se donner un temps suspendu pour aller chercher la poésie là où l’on est. Un temps, un lieu, une contrainte.
Voilà une façon de s’extraire de la frénésie et de se connecter à soi, à sa façon d’être dans la vie et son expression personnelle, qui ne ressemble à personne d’autre. Un unique regard, un jour, à un moment donné. Si on ne se donne jamais ce temps, aucune chance que la poésie advienne.
Cela ne va pas de soi. C’est un choix, une décision que je dois prendre de laisser de la place à l’expression de ma poésie, d’aller chercher la poésie, là où je suis sans rien attendre de spécial. Se donner le moyen de s’exprimer le plus simplement, le plus spontanément possible.
Le plus incroyable à entendre, le plus dur à intégrer, c’est qu’elle est là pour tout le monde si on se penche à son chevet. Plus on s’y penche, plus en retour elle a tendance à se pencher à notre chevet dans des moments inattendus aussi. J’adore me dire que c’est là, il n’y a qu’à baisser les yeux pour ramasser ou lever les yeux pour s’envoler. Ce n’est pas toujours époustouflant mais c’est dit et c’est ça qui m’intéresse.
C’est ce qui se passe lorsque je donne un atelier. On donne place à l’expression de la poésie de chacun, là où l’on est, dans l’état d’esprit du moment de chacun. Et c’est chaque fois magique de nous voir entrer en poésie et en connivence dès lors que l’on partage nos écrits.
Collage « Laisse un vide »
21×29,7 cm
Mai 2023
Télérama n°3760