On a souvent l’impression de faire du sur-place. De ne pas avancer. De stagner même. Sur place, rien ne se passe. Faux, archi faux. Mais pour le voir, il faut rester en place. Prendre place. Chauffer la place et faire face à ce qui se passe. Vraiment chercher à comprendre cette sensation de sur-place qui nous habite.
Et puis renoncer et se laisser aller. Sur place, c’est là que tout se passe. Pour de vrai. Creuser sous la surface, s’appesantir, le temps de ramollir, de s’étourdir, de s’ouvrir. S’enhardir et finir par s’arrêter. Riche idée.
Pour regarder, respirer, écouter, pour voir autrement cette petite place qui est la nôtre. Une place, petite ou grande, ça n’a pas d’importance. Ce qui compte c’est la place en soi, celle que l’on fait à ce que l’on ressent, celle que l’on fait à ce qui est là, à ce qui advient, celle qui ouvre au monde, à ce qu’il est dans toute sa richesse, sa plénitude, sa beauté.
Il n’y a rien à comprendre que l’importance d’être là pleinement dans l’instant, en mode sur place, pour voir enfin l’étendue de ce que l’on a vraiment sous les yeux, à portée de main. Pour découvrir la vie qui bruisse, qui palpite, infinie, étonnante, là, juste là. Pour comprendre ça dans sa chair. Pour toucher du doigt sa fragilité, sa force, son originalité.
Se perdre dans le rien qui nous entoure. Et laisser jaillir les sensations, les idées, les mots qui nous habitent. Ne pas comprendre tout ce qui se passe, mais, les yeux brillants, saisir que l’on a tout ça en nous, pour nous, pour toujours.
Cloé Przyluski