Plus fort que tout, lorsque le soleil brille, l’appel du dehors est irrésistible. Une sorte de fulgurance opère dans la tête et l’on a plus qu’une obsession : profiter de l’éclaircie pour aller s’ébrouer dehors. Pas forcément nécessaire d’aller se rouler dans la boue. Rien que sentir les rayons du soleil chauffer notre visage suffit.
On a les bouts des doigts et des pieds gelés, peu importe, il fait beau.
On sent poindre comme une envie. Une envie de faire le vide. Une envie de boire un petit verre en terrasse de café. Une envie d’aller marcher dans la nature. Comme une envie de pleins de choses qui se bousculent. Comme si on se réveillait enfin d’un long sommeil. La liste des envies s’allonge à l’infini. En tous cas, ce n’est pas l’envie qui manque.
Ce temps, c’est tout simplement une invitation à sortir. A sortir de soi. A aller à la rencontre de la rue et des gens. Sans rien en attendre de plus que l’émerveillement de la balade et de ce qui advient. Les plus belles idées naissent de ces balades à l’aventure où l’on se contente d’être disponible à ce qui est. Et pour en faire l’expérience, reste à expérimenter la chose dès que l’occasion se présente. En solitude, le cœur ouvert. Les yeux, les oreilles aussi cela va sans dire.
Attentif et libéré, nous ne sommes jamais à l’abri d’une bonne surprise.
Marcher dans les rues, laisser le regard errer où bon lui semble. Un vrai antidote à la mauvaise humeur. Notre attention se détourne de l’objet de notre agacement. L’esprit se libère et s’ouvre à ce qui nous entoure. On passe à autre chose avec une simplicité déconcertante quand tout ce que l’on aura tenté avant aura été peine perdue. Il paraît que quelques minutes de lecture provoquent un effet détente garanti. J’en atteste que la marche sans but est tout aussi opérante.
On oublie les courses, les contraintes, les coups de fil. On oublie et ça fait un bien fou.
Dehors, le temps n’a plus prise. Il flotte, léger. Il coule doucement sans que l’on s’en rende compte. Quelque chose qui ressemble à de la douceur de vivre.
La douceur de vivre, on en parle tellement qu’on ne sait même plus quoi mettre derrière cette expression. Encore et toujours des appels à faire ci ou ça, des exhortations à être bien, à faire quelque chose de constructif. Toujours ce besoin constant de faire quelque chose. A utiliser ce temps qui nous est donné de manière productive. Le temps de rien, un temps où l’on ne fait rien, nous fait l’effet d’une vieille photo jaunie, un temps révolu que l’on a laissé à l’enfance.
Quel dommage ! Laisser notre âme d’enfant dans les cartons alors que l’essentiel de notre existence est cachée dans ces petits riens que l’on a cru bon de remiser au placard en grandissant. L’essentiel se cache dans un dessin, quelques mots glissés sur un coin de cahier, un petit objet désuet qui nous accompagnait partout à l’époque. Ça vaut le coup de se mettre au chevet de notre enfance pour aller cueillir les pépites qui font de nous ce que nous sommes.
Une question se pose avec force : a-t-on toujours besoin de FAIRE QUELQUE CHOSE pour exister ? Quelle tyrannie s’empare de nos existences ! Toujours prouver son utilité. Toujours réaffirmer sa place dans la société. Et si on laissait tomber toutes ces injonctions et que l’on se concentrait sur ce qui nous fait vraiment du bien ?
Commençons par sortir s’aérer les neurones. Juste sortir. Etre là dans la fragilité de l’instant.
Cloé Przyluski