Est-ce que ce monde est sérieux?

Est-ce que ce monde est sérieux ?! Quand on voit les horreurs qui se passent dans le monde, on a envie d’y répondre par la douceur. On peut y voir de la naïveté mais on peut aussi se dire qu’il est temps de porter dans l’espace public un autre message, exempt de violence. Oui, en tout premier lieu, exempt de violence.

On ne peut pas vivre décemment dans un tel climat de violence. La violence est partout, où que l’on se tourne. Dans la rue, dans les médias, au travail, et dans tant d’autres lieux et situations. Elle est sociale, elle est économique, elle est culturelle. Elle nous enlace et nous étouffe.

Elle nous empêche de respirer. Elle inspire la violence en retour. Elle instaure un climat de peur et de défiance. Comment peut-on se dans un tel cas de figure se sentir libre ? Se sentir libre ne serait-ce que de respirer tranquillement devant notre bol de café fumant ?

Cela n’a pas de sens ce déferlement de violence et c’est ce qui nous perdra. C’est ce qui nous perd déjà. On en crève.

Alors oui, je veux porter une autre voix, un autre message. Un message tempéré, un message empli de cette douceur qui nous manque tant. Un message pour nous aider à voir le monde autrement, avec un autre regard. Empathique, aimant, émerveillé. Porter un regard émerveillé sur la vie autant que possible. Pour apaiser nos peurs et tenter de les dépasser.

Apprendre à savoir se contenter de ce qui est là sans aller chercher plus loin, sans chercher à écraser l’autre pour obtenir ce que l’on veut. Je vous invite à écouter cette conférence Le plaisir de l’émerveillement dont est extraite cette citation qui résume l’essentiel de la pensée d’Epicure et qui traduit ma pensée :

« « Ne pas craindre les Dieux ; ne pas craindre la mort ; pouvoir accéder au bonheur ; pouvoir supporter la douleur ». Il faut ainsi pratiquer la discipline des désirs, apprendre et s’habituer à savoir se contenter de ce qui peut être atteint facilement, et renoncer au superflu. »

L’émerveillement. Le retour à l’émerveillement est au cœur de toute chose. C’est là le pas à franchir. Le chemin vers le progrès, le vrai progrès, celui qui conduit au développement de soi. Pas le progrès nihiliste et destructeur.

Il y a de la place pour tout le monde. De la richesse pour tout le monde. Et on nous fait croire que ce n’est pas le cas.

Comme le dit si bien Alain Souchon, dans Foule sentimentale, « on nous prend pour des cons dès qu’on est né, pour des cons alors qu’on est une foule sentimentale… ».

On ne peut continuer à se sentir ainsi déphasé de nos vies, à oublier ce qui fait la nature humaine. L’Homme ou la Femme ne sont pas fondamentalement mauvais. La violence est le fruit d’un conditionnement que l’on supporte depuis tant d’années qu’on ne sait même plus faire autrement.

Alors voilà, je veux me placer autant que possible du côté de la poésie. Il est plus que temps de faire entrer un peu de poésie dans nos vies.

Encore et toujours désespérément d’actualité ce poème d’Abdellatif Laâbi, J’atteste :

J’atteste qu’il n’y a d’Etre humain

que Celui dont le coeur tremble d’amour

pour tous ses frères en humanité

Celui qui désire ardemment

plus pour eux que pour lui-même

liberté, paix, dignité

 

Celui qui considère que la Vie

est encore plus sacrée

que ses croyances et ses divinités

 

J’atteste qu’il n’y a d’Etre humain

que Celui qui combat sans relâche la Haine

en lui et autour de lui

 

Celui qui dès qu’il ouvre les yeux au matin

se pose la question :

Que vais-je faire aujourd’hui pour ne pas perdre

ma qualité et ma fierté

d’être homme ?

 

                                         Abdellatif Laâbi, 10 janvier 2015

Par Cloé Przyluski

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