Le chèvrefeuille ne se voit pas, il se hume.

L’odeur du chèvrefeuille au coin de la rue

Tout vient à point à qui sait attendre. Ou sait se laisser porter par ce qui vient.

Il en est ainsi de l’odeur du chèvrefeuille au coin de la rue.

La saison de cette douce odeur est passée et avec elle la douce chaleur des soirs d’été. Pour s’y croire encore un instant, rien de tel que de remuer la mémoire de cette odeur, cet enivrant parfum d’éternité.

L’odeur du chèvrefeuille surprend là où ne l’attend pas. Souvent, le délicat parfum chatouille les narines avant même de l’avoir vu. A chaque fois, l’odeur subtile s’impose et l’on tourne la tête en tous sens pour trouver d’où elle vient.

L’envie de voir ce qui nous procure cet émerveillement soudain est irrésistible. Et parfois, on cherche, on ne voit rien. Elle se cache, se dérobe à la vue pour mieux nous charmer.

Il faut savoir la saisir. Elle apparaît et disparaît en un éclair, le temps de notre passage dans la rue. Elle passe et s’efface. Et chaque pas de plus nous éloigne de ce plaisir éphémère.

Mais quel régal pour le nez. Ce parfum est à couper le souffle. A la fois commun puisque le chèvrefeuille est une plante assez répandue, et, distingué, rare, car il ressemble à un parfum de créateur. Il nous fait nous retourner sur notre passage.

Pendant toute la belle saison, le chèvrefeuille nous accompagne. On ne s’en lasse pas. L’odeur nous ramène toujours instantanément aux douces soirées d’été, au farniente, aux vacances. On peut se voir alors écouter un concert de jazz samba, – merci Stan Getz-, danser à la lueur des bougies, dans un magnifique jardin du Sud. A l’image de cette soirée carte postale magique dans le film Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen. Je ne me souviens pas bien du film mais de cette superbe soirée.

Cette puissance évocatrice a peu d’égal, si ce n’est les fleurs d’oranger et de citronnier. Mais, ces fleurs sont bien moins accessibles que le chèvrefeuille dans les régions dites du nord.

Quand on sent l’odeur du chèvrefeuille, on a l’impression que la vie nous offre un cadeau inestimable. On se sent unique dans ce moment de parfaite volupté. Comme si la vie c’était ça et rien d’autre.

Oui, ce parfum a un pouvoir : celui de raviver une journée aux éclats ternes. Ou de parfaire une journée tout simplement. De montrer que le plaisir et la joie sont bien là dans ces instants fugaces, mais bel et bien réels.

Tout est dans l’attention. Il suffit d’un rien, un pas trop rapide, pour passer à côté.

Cette délicate petite fleur jaune et blanche est étonnante. Comment peut-on être si petit et procurer un tel plaisir ? C’est d’un tel raffinement. Entêtant. Rien que son nom est toute une promesse.

Si on ne connaît pas le chèvrefeuille, si on ne sait pas encore ce qu’est ce parfum, autant vous dire qu’une fois qu’on le connaît, on ne peut l’oublier.

 Par Cloé Przyluski

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