Le lundi matin a une saveur particulière

 

Ah le lundi matin. Il commence même le dimanche soir. Avec notre manie de toujours regarder au lendemain, on se prépare pour bien commencer la semaine. Mentalement au moins. On ne peut pas s’en empêcher. Première question, pourquoi ne pas profiter encore pleinement de ce dimanche soir, prolonger jusqu’au bout ce week-end et profiter de ces derniers instants? Rester dans l’ambiance chaleureuse du dimanche, le dimanche où l’on prend le temps de vivre.

Le lundi matin au réveil, les sentiments sont mitigés. On hésite encore entre regretter le week-end déjà fini ou se jeter à corps perdu dans la nouvelle semaine qui s’annonce. On peut râler, rechigner, mais rien n’y changera. Il est bien lundi matin 8h. Pas de doute, à en écouter les informations à la radio, le week-end est bel et bien terminé. La rengaine reprend et chacun égrène son chapelet de nouvelles toujours plus catastrophiques les unes que les autres.

Il se passe des choses positives dans le monde. Au milieu du désespoir, parmi les cailloux, les pépites se cachent. Elles émergent parfois là où on ne les attend pas. Le tout est d’essayer de ne pas se laisser submerger par l’horreur. Fini la stupeur et l’effroi. Bonjour, la petite perle qui égaie la journée. Allez la chercher, ouvrez grands les yeux et les oreilles, cueillez-la comme une fleur lorsqu’elle se trouve à vos pieds. Ou plutôt, contemplez-la, tournez autour, retenez-en chaque détail. Comme une petite pierre trouvée et conservée pour sa forme particulière ou un coquillage à la forme et aux couleurs parfaites, qu’on ne se lasse pas de contempler, de polir à force de les toucher. Ce positif lorsque vous le touchez du doigt ne le lâchez pas, saisissez-le et mordez dedans à pleine dents.

Une fois que l’on a survécu au flot d’informations. – On peut aussi ne pas les écouter et choisir le moment où l’on prendra sa dose. Mais là est une autre question. – On hésite encore entre la peur de recommencer la semaine ou la joie du renouveau qui s’annonce. Le choix entre cette boule au ventre inconfortable qui vous empêche de vous réjouir de cette nouvelle journée et cette énergie, ce feu qui vous donne envie d’aller de l’avant et de croire que vous avez le choix et la possibilité d’égayer votre quotidien de maintes et maintes façons.

On peut se laisser submerger par le désespoir et pester contre sa routine. Cette même rengaine qui ne prendra donc jamais fin. Garder ce goût de pas envie toute la vie.

On peut aussi choisir la vie, le goût du plaisir simple juste là à portée de mains. Savourer le goût de renouveau de chaque jour et s’amuser à imaginer quel goût, quelle saveur on va donner à cette nouvelle semaine.

Il peut avoir un goût amer ce lundi matin. Comme il peut avoir cette fraîcheur de la petite brise d’été qui souffle encore un peu ou encore la douceur de la confiture de fraises du jardin qui est le ravissement même dans la bouche. Qu’allez-vous choisir ?

L’effervescence de la vie qui reprend et en même temps le calme de la ville encore engourdie de son week-end. A la fois, la rue s’anime de voitures. A la fois, les rues sont vides de piétons. Les commerces dorment encore pour la journée. Le calme est là. La ville dans sa torpeur matinale du lundi matin. Il n’y a que le lundi matin pour faire cet effet-là. Ce n’est pas comme le dimanche où la vie fait une pause. Le lundi matin, la vie a repris et pourtant le calme est toujours là, présent dans l’atmosphère. Le lundi matin quand on peut en profiter est une perle rare, une de ces pépites à savourer dans le moindre de ces contours. Sucer la substantifique moelle de la quiétude jusqu’au bout.

Marcher dans la rue avec rien ni personne ou si peu pour troubler votre tranquillité est un luxe à s’offrir de temps en temps, si ce n’est au quotidien. Marcher dans la rue pour commencer la journée et sentir ses sens qui s’éveillent tous, un à un.

En marchant dans la rue, la vie plane dans l’air. On peut la sentir partout qui accompagne chacun de nos pas. L’air est saturé de cette vie qui pétille. Il suffit de se laisser porter et emporter par l’ambiance. Les rares personnes aux terrasses des cafés savent leur plaisir. Ils savent qu’ils touchent là l’éternité. Comme un pied de nez à l’effervescence dominante. Au loin, les cloches sonnent. Les enfants jouent dans une cour quelque part. Les livreurs sont tout à leur travail. Au café, les cuillères tintent contre les tasses. L’odeur de café ou de thé s’échappe. Et parfois, rien, pas un mouvement, juste le bruit du silence.

 Par Cloé Przyluski

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