Et si l’on tentait l’expérience de la méditation ?

Méditer, quelle drôle d’idée. Mais, loin des préjugés, prendre le temps de s’arrêter, de respirer ici et maintenant, est même plutôt tentant, surtout en cette période de l’année. Apprendre à s’arrêter au quotidien pour mieux repartir.

article méditation

Qui l’eût cru ? Méditer n’est plus l’apanage exclusif de quelques illuminés. Les grands médias, les librairies font la part belle à la méditation, cet appel à vivre l’instant présent.  L’humoriste Nicole Ferroni a ici proposé une belle chronique lors du passage à la radio de Christophe André, psychiatre spécialiste de la pleine conscience. Malgré l’image des hippies zen qui lui colle à la peau, la méditation se révèle être un allié précieux du bien être au quotidien.

Mais au juste en quoi consiste la méditation ?

La pratique de la méditation, issue de la philosophie bouddhiste, a pour principe d’apprendre à mieux percevoir et avoir conscience de ses pensées, sentiments et sensations corporelles positives et négatives et à focaliser intentionnellement son esprit sur l’instant présent, au lieu de ruminer les pensées.

En se recentrant sur l’instant présent, la technique de la méditation de « pleine conscience » (mindfulness) invite à s’arrêter dans notre course du quotidien et à prendre le temps de prêter attention à sa respiration, à son souffle qui va et qui vient. Elle consiste à passer du mode « faire » au mode « être ». Il s’agit d’apprendre à cultiver une « présence attentive » en se posant la question : où est mon esprit, là, tout de suite ? En général, le flot ininterrompu de la pensée, nous projette soit dans le passé, soit dans un hypothétique futur mais rarement dans l’instant présent.

Autrement appelée « thérapie cognitive basée sur la pleine conscience » ou TCPC (Mindfulness-based cognitive therapy ou MBCT en anglais), la méditation laïque de pleine conscience a été inventée par Jon Kabat-Zinn, professeur de médecine émérite à l’université du Massachusetts, docteur en biologie moléculaire. Il a fondé, en 1979, la première Clinique de réduction du stress puis le Centre pour la pleine conscience dans la médecine. Ses recherches ont mené à l’élaboration d’un programme de huit semaines appelé « Mindfulness Based Stress Reduction » (MBSR, réduction du stress fondée sur la pleine conscience), destiné à aider les gens à surmonter anxiété, douleurs et maladies.

Le plus souvent conseillée par certains psychiatres après des épisodes de dépression ou de burn-out, la méditation de pleine conscience attirent aussi ceux qui veulent réduire le stress et le pouvoir de la pensée négative dans leur vie. Quel que soit le motif incitatif, les effets de la méditation sont reconnus par ceux qui la pratiquent.

 

Pratiquer la méditation

Pour s’initier, il existe des ateliers pour pratiquer en groupe, notamment proposés par l’Association pour le développement de la Mindfulness (ou pleine conscience), les cycles MBSR.

Des applications comme celle de « Psychologies Magazine » créée avec Christophe André existent. Vous trouverez également des enregistrements audio d’exercices sur le site francophone de la pleine conscience en psychothérapie.

Mais, le bon vieux livre de référence peut aussi bien faire l’affaire. Pour ma part, trois ouvrages m’ont permis de m’y retrouver et de me lancer. J’ai commencé par « le Pouvoir du moment présent » de Eckhart Tolle pour comprendre la philosophie de la méditation et m’en imprégner. « Prendre soin de l’enfant intérieur : faire la paix avec soi » de Thich Nhat Hanh, grand maître zen vietnamien, propose, quant à lui des exercices. Et enfin, « Où tu vas, tu es » de Jon Kabat-Zinn, un ouvrage en version poche qui peut être lu, relu et repris en main autant de fois que nécessaire. C’est tout.

Pouvoir du moment présent, LeOù tu vas, tu es

Méditer n’a rien de bien sorcier et est facile à mettre en œuvre. Pas besoin de tapis, de salle ou de tenue particulière. Assis, couché, debout en marchant, à l’heure du déjeuner, dans un parc, dans le métro. Qu’importe le lieu, le plus important est de se lancer, même cinq minutes au départ. Et de s’y tenir. L’essentiel étant que la pratique soit régulière pour cultiver la capacité innée de pleine conscience.

 

La méditation, remède alternatif à la dépression

Le crédit désormais accordé à la méditation de pleine conscience est dû à la validation scientifique de la pratique. Une étude publiée par la revue médicale The Lancet, en avril, prouve que la méditation de pleine conscience est aussi efficace contre la dépression que les traitements avec antidépresseurs.

Une équipe de l’université d’Oxford menée par Willem Kuyken, professeur en psychologie, a testé en parallèle l’impact des deux types de traitement pendant deux ans d’études. Au cours de cet essai, quatre cent vingt-quatre personnes ayant souffert d’au moins trois épisodes dépressifs majeurs ont été traités soit par méditation, soit par antidépresseurs.

Au terme d’un suivi de plus de deux ans, les résultats montrent un rapport bénéfices-risques comparable entre la méthode de traitement par méditation et celle par antidépresseurs. Selon les auteurs « les deux traitements ont été associés à des résultats positifs durables en termes de rechute ou de récidive, de symptômes dépressifs résiduels, et de qualité de la vie », mais sans que l’on puisse établir une supériorité de la méditation sur les antidépresseurs en terme d’efficacité et de coût.

Reste que « cette étude, ajoutée aux précédents travaux, donne des preuves solides de l’efficacité » de la méditation de pleine conscience, estiment les auteurs. Une bonne nouvelle pour ceux qui recherchent une alternative aux antidépresseurs, simple à mettre en œuvre et efficace.

 

La méditation à l’école

Un exercice de « respiration » chaque matin avant de commencer la classe aurait comme effets la baisse des incivilités à l’école, l’amélioration du bien-être des élèves, ainsi qu’une meilleure performance scolaire.

Rien que ça. C’est au Canada que ça se passe. Inspirés du programme éducatif MindUp, plus d’un millier d’enseignants de Vancouver se sont lancés dans l’expérience depuis près de dix ans. Le programme s’appuie sur la technique de la « pleine conscience » (mindfulness), combinée à des exercices d’empathie, de contrôle des émotions et d’optimisme.

Utilisée comme un outil pédagogique au service de l’apprentissage, la méditation à l’école a fait l’objet d’une étude scientifique qui reconnaît ses bienfaits auprès des élèves. La gentillesse s’installe en classe, créant une bonne ambiance et un climat de concentration favorables à un meilleur apprentissage. L’effet d’égalisateur social n’est pas en reste. Peu importe le contexte familial et social dans lequel vivent les élèves. Arrivés à l’école, chacun prend le temps de se relaxer, de respirer et de prendre un temps avec soi-même afin de favoriser son écoute et sa concentration.

Dans une société interconnectée où la concurrence et le culte de la performance règnent, apprendre dès le plus jeune âge à revenir dans le présent en prenant conscience de son corps et de ses pensées sans objectif de performance semble contre toute attente être un atout de taille pour le bien-être et la réussite scolaire.

Si vous n’êtes toujours pas convaincu par les bienfaits de cette pratique ancestrale, le journal Le Monde décrypte comment la méditation a conquis des millions de Français.

De mon côté, je me demande toujours comment j’ai pu passer à côté de cette pratique si longtemps.

 Par Cloé Przyluski

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