Les petits matins on ne les choisit pas, ils s’imposent à nous.
On peut s’amuser à chercher des raisons particulières. Une mauvaise nuit, une journée chargée la veille, la météo. Oui on peut chercher. Toujours est-il qu’ils ne préviennent pas. Au réveil, ils sont là.
Ce sont de ces matins où l’énergie est cachée on ne sait où. On se demande ce qu’on va bien pouvoir faire de cette journée. Une journée, qui si l’on écoute notre cœur, nous dit de rester tranquille à ne rien faire.
Malgré tout, on cherche désespérément ce que l’on va pouvoir faire. On ne peut pas rester sans rien faire, ce n’est pas sérieux ! Et quelle culpabilité franchement.
Le petit matin a tendance à nous faire peur. Car il pose nos limites. Notre corps choisit de nous dire de faire une pause de cette façon. Mais, on n’accepte pas toujours que c’est maintenant qu’il faut s’arrêter. Ce n’est pas vraiment le moment en ce moment.
Le petit matin a tendance à nous faire le cœur triste. Le cœur chavire, juste comme ça, histoire de.
Le petit matin dérange. On n’a pas envie de ce matin-là dans notre bol, sur nos tartines, partout. Il dégouline. Notre attention part dans tous les sens. Notre regard se pose sur tout ce qui agace. Ce qui n’est pas à sa place. Ce qui n’est toujours pas fait depuis des mois. Autant s’avouer que si l’on a pas eu envie de faire ces choses avant, on ne va pas avoir envie de les faire en ce petit matin.
Ne soyons pas trop durs avec nous-mêmes. Ça arrive. Et ça passe. Le temps de le dire.
C’est d’ailleurs surprenant comme ça va et ça vient. Plus on accepte l’état de fait, plus on prend le contrepied de ce qui est admis dans la société, plus on se roule dans notre envie de prendre le temps, de prendre soin de soi, plus ça passe vite et plus c’est bon. Ce n’est même plus un mauvais moment à passer.
Donc, au lieu de culpabiliser, on prend avec délice, avec malice, cette envie de ne rien faire. Aujourd’hui, c’est décidé, on ne fait rien. C’est dit. En notre for intérieur avec vigueur. Et on décide de s’y tenir malgré les opportuns. On ne fera que ce que l’on a choisi de faire.
Et ça demande du courage. Et ça demande du respect de soi. Et ça demande de la joie.
C’est toujours mieux de faire les choses, ou de ne pas les faire dans notre cas, dans la joie. Toujours la joie.
On fait quoi finalement quand on a envie de rien faire ? Car, on ne fait pas rien quand on ne fait rien.
On écoute de la musique. On choisit une chanson, un album que l’on a envie d’écouter. On le savoure. On chante, on danse. On remarque que même si l’on a pas écouté ce morceau depuis dix ans, on se souvient toujours des paroles.
Seul, sur notre planète, on lit un article qui nous intéresse. On prend un livre, un truc qui nous fait voyager instantanément.
On sort. S’aérer. Se balader. Faire du vélo. Le nez en l’air. En touriste. On va boire un verre avec des amis.
On se fait des bons petits plats.
On dort. Une bonne sieste. Pas prévue. Pas franchement admise. Elle n’en a que meilleur goût.
On prend une pause-café un peu plus longue. On prend le temps d’échanger.
On prend le temps tout simplement. On fait les choses comme elles viennent sans se prendre la tête.
On se laisse tranquille. On fait ce que l’on peut faire dans l’énergie du jour sans se forcer. Demain est un autre jour. On pourra dire ce que l’on veut mais cela arrive même aux meilleurs.
Quand le petit matin vient, c’est le moment de savoir dire stop, de regarder autour de soi, d’y prêter vraiment attention et de voir les choses toutes simples de la vie qui sont toujours là quoiqu’il arrive.
A nous de choisir ce que nous voulons faire de notre journée qui commence par un petit matin chagrin. Lutter contre ou en faire un allié. En pleurer ou en rire.
Par Cloé Przyluski