A la vue enchanteresse d’une petite fleur qui resplendit, attire mon regard et me plaît, ou d’une branche chargée de fleurs éclatantes, l’envie me prend de faire un bouquet. Si par bonheur la branche dégage un doux parfum alors c’est le nirvana.
La fleur a beau être si jolie dans la nature, j’ai envie de l’avoir sur ma table encore quelques jours. La faire durer en la couvant du regard ou sentir son effluve chaque fois que je passe là. Pourquoi se priver de cette chose simple ?
Toute à ma joie, je le fais sans y penser. Comme ça. C’est là le meilleur. Un petit bouquet d’herbes, de branches, de fleurs que l’on a sous la main. Flâner de ci de là pour choisir la bonne tige, la bonne branche, celle où les fleurs sont les plus belles ou celle qui n’abîme pas trop la plante ou ne risque pas de rompre l’harmonie de l’arbuste.
L’herbe seule ne rime à rien. Mais à plusieurs, ça chante. Une herbe, puis deux, puis trois et me voilà avec mon bouquet. Au début, ça ne ressemble à rien. Puis, le cœur s’en mêle. Et cela prend forme. Cela prend chair. Et ça devient beau.
Cela n’a l’air de rien comme ça, mais faire un petit bouquet, tout anodin qu’est l’acte, exprime la capacité à voir toute l’abondance et la beauté du monde et de la nature et à la faire sienne en un geste de rien du tout.
Se contenter de faire avec rien. Avec un rien. Avec des petits riens. Avec trois fois rien. Faire avec ce que l’on a. Avec cœur, avec conviction, avec foi.
Se contenter d’un rien.
Cloé Przyluski