Mettre des lacets jaunes à ses chaussures pour faire venir le soleil. Idée suffisamment saugrenue pour faire sourire. Un brin de malice n’a jamais fait de mal à personne. Gageons même que cela va passer inaperçu. Peu importe, l’objectif n’est pas spécialement de se faire remarquer. Plutôt de jouer avec la banalité de l’ordinaire.
Changer de couleur ses lacets pour oublier le gris du ciel. Suffirait-il à changer un petit détail si insignifiant soit-il pour changer le cours de la journée ? On recherche toujours midi à quatorze heures, convaincu que ça ne peut pas être aussi simple. Et si ça l’était ?
On peut changer de couleur de rouge à lèvres. On peut changer de couleur de stylo. On peut changer nos taies d’oreillers. On peut associer des couleurs qui n’ont pas l’habitude d’être ensemble. On peut essayer pleins de choses pour voir ce que ça donne. Tout ce qui peut casser la routine et donner une teinte plus joyeuse à l’ambiance parfois lugubre qui s’empare de nous en plein hiver.
C’est un petit rien du tout perdu dans l’univers. Mais ce petit jeu avec soi-même peut révéler des bouts de soi que l’on ne soupçonnait pas. Donner des idées qui sortent de notre ordinaire. Petit à petit, on y prend goût. Notre curiosité naturelle s’épanouit. Spontanément, les « tiens si j’essayais ça ? » et les « comme ça, ça donne quoi ? » vont devenir notre norme. Notre façon de vivre.
Cette façon d’expérimenter, de tester de nouvelles possibilités, de nouvelles habitudes, de nouvelles options modifie subtilement ce à quoi l’on croyait.
Sans parler de révolution, c’est intéressant d’envisager le changement par petites touches. Le menu changement de rien du tout à l’origine de notre émancipation. Le battement d’aile du papillon, l’infiniment petit, qui finit par ouvrir une brèche, allumer des idées et provoquer cette révolution que l’on attendait plus.
Cloé Przyluski