Maintenir une pratique quotidienne de ma créativité, c’est aussi savoir me contenter de jeux sensoriels, d’exercices créatifs ou de contraintes d’écriture toutes simples. Parfois tellement élémentaires que je suis tentée de ne pas le faire.
Et pourtant, pour rencontrer cette difficulté à m’y mettre de manière récurrente, je sais que c’est sur ce côté tout simple, presque banal de la chose qu’il faut miser aveuglément car c’est ce qui fait au bout du compte toute la différence.
Oui, ce n’est pas grand-chose, mais mis bout à bout, ça forme quelque chose. A créer ainsi au jour le jour, j’apprends ce qui constitue ma pratique, j’apprends à respecter cette petitesse que j’ai tendance à prendre pour une faiblesse.
Plus tard, lorsque je reprends, je relis mon travail, je suis souvent surprise de ce qui m’animait à ce moment-là, une semaine ou six mois plus tôt. Des tendances se dessinent, des thèmes apparaissent, des pratiques s’effacent, d’autres s’affirment. Et je découvre les traces de plus en plus prégnantes de ma façon sensible, poétique, créative d’être au monde.
Ce processus reste source d’un grand étonnement pour moi et la joie de découvrir cette créativité, ce qui constitue mon essence, est sans cesse renouvelée. Cette façon de mettre en mots, en images, ce qui m’anime à cet instant, même le temps de dix petites minutes le soir avant d’aller au lit me montre à quel point chaque détail du quotidien a son importance et peut nous révéler un peu de nous-mêmes.
Cette pratique me pousse instinctivement, doucement mais sûrement, à modifier mon regard sur ce qui m’entoure au quotidien, sur ce que j’ai présentement sous les yeux, à portée de main, à faire plus attention à ces riens qui jalonnent mes jours et à apprécier davantage les choses toutes simples de la vie.
Cloé Przyluski