Pluie radieuse
Ardente symphonie
Prendre la saison comme elle vient
(Poème collé)
Avec ou sans parapluie. Oublier l’éclaircie. Sortir quand même. Voir le jour. Sentir l’air. Entrer en mouvement.
Marcher sous la pluie. Faire vite. Espérer passer entre les gouttes. Puis, ralentir le pas. Faire fi. Flâner, les mains dans le dos, pleine de curiosité. Savourer la liberté de l’instant. Se sentir brave. Oublier qu’il pleut.
Marcher sous la pluie. Oser apprécier. Même cinq minutes. Apprivoiser la première sensation désagréable au contact de l’humidité. S’étonner. Tiens, il pleut. Tiens, ça mouille. Tiens, une flaque. Tiens, un oiseau qui chante. Tiens, il ne fait pas froid. Tiens, j’ai oublié de prendre mon parapluie. Tiens, ça fait du bien de sentir l’air frais. Tiens, je boirais bien un truc chaud. Tiens, c’est un bon jour pour des crêpes.
Marcher sous la pluie. Honorer ce temps que l’on dit mauvais. Car il présage du beau.
Marcher seule sous la pluie. Dans le silence de la capuche, sous le parapluie. Que mes pas qui résonnent. Un espace pour se recueillir. L’isoloir pour mieux réfléchir.
Etre en vie sous la pluie. Sortir de sa coquille. Se déplier. Se défroisser. Se déchiffonner. Se décroqueviller. Ouvrir la cage thoracique. Courir. Sauter. Crier. Savourer l’air. Même saturé d’humidité, il déborde d’énergie. Ouvrir les bras. Regarder le ciel. Chercher la lune. Trouver le gris. S’en contenter. Ouvrir une main, sentir les gouttes. L’autre, pareil. Ça mouille, ça chatouille. Se mettre à l’abri, regarder la pluie tomber.
Marcher sous la pluie. Ecouter son bruit lorsqu’elle rencontre les arbres, le sol, la capuche, le parapluie. Sentir son odeur. Ecouter le chœur des mésanges, appétit satisfait. Patauger, gabouiller. Oublier son soi. Se fondre dans le décor. Faire partie du tout.
Pendant quelques minutes, se contenter d’être là. Cette personne en vie sous la pluie.
Cloé Przyluski