La récréation, le temps du jeu. Le lieu où l’on joue. Et où tout se joue. Où les intrigues se nouent. Où les jeux s’inventent. Où les drames se passent. Sans récré, pas de cris d’enfants qui s’ébrouent dans la cour de l’école. Pas de liberté retrouvée. Pas le temps de rêver.
La fameuse récré sonne comme une étendue de possibilités offertes. Un moment volé au sérieux de l’existence. Pourquoi la récréation ne serait-elle réservée qu’aux enfants ? Une pause, ce n’est pas pareil. Moins drôle, moins porteuse de jeux.
Le temps de récréation permet la vacance de l’esprit. Petits ou grands, tout le monde en a besoin. Pouce, je prends une récréation. Laissez-moi respirer, reprendre de l’élan et de l’énergie.
La récréation appelle la vie. Elle appelle le mouvement. Elle appelle à voir la vie par l’autre bout de la lorgnette. Celui de la fantaisie plutôt que du raisonnable. Elle appelle à continuer de prendre le temps de jouer. Souvent, on met en balance le ménage versus la récréation. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres occupations du quotidien. Ménage ou récréation, vers quoi va balancer notre cœur ? Le raisonnable ou l’insensé. Jouer paraît toujours insensé une fois que l’on a quitté le monde de l’enfance. L’insensé est plutôt de toujours s’imposer d’être raisonnable tout le temps. La lutte est sans merci. Et la récréation passe vite à la trappe. Pourtant, c’est dans la récré que l’on peut faire changer les lignes. Dans l’innocence de l’âge et le rêve de l’enfance. Dans l’exploration de l’utopie et du joyeux bordel.
Au cœur de la récré, on expérimente. On lâche prise. On apprend. On grandit. On invente. On devient. L’extravagance palpite en chacun de nous. La fantaisie aussi. Il suffit de leur laisser le temps pour s’exprimer. C’est dans l’imparfait de ce temps libre que les formes et les lignes se révèlent. De l’âme, du cœur, de la vie, c’est tout ce que l’on a besoin de ressentir et d’éprouver.
Défendons le droit à la récréation. Renouvelons le genre de la récréation. Donnons un nouveau souffle à la récréation. Donnons-lui du sens. Le sens que l’on veut, mais le sens qui nous anime, qui nous amuse, qui nous fait rire, qui nous détend pleinement. Que ça palpite en nous. Que ça crépite. Que ça excite. Que ça soit vibrant, spontané, impromptu, inattendu, incontrôlable. Exaltant.
Le temps de récréation, c’est ce temps où l’on fait ce que l’on veut, ce dont on a envie, ce qui nous fait plaisir. Pas ce temps où on fait encore ce qu’il faudrait faire. Ce temps où l’on laisse place à l’expérience sensorielle du quotidien. Ce temps offert aux plaisirs multiples : plaisir de la bouche, plaisir des mots, plaisir de l’esprit, plaisir des yeux.
Vous prendrez bien une petite récréation ?
Récréation du jour
Aujourd’hui, le mot « récréation » s’est imposé à moi. Le besoin se fait parfois tellement sentir qu’il s’échappe de notre conscience. Puis, deux autres mots pris au hasard de ce que j’avais sous les yeux sont venus le rejoindre. Trois mots donc : récréation, importance, complexe.
Et j’ai pris ma récréation. J’ai sorti un magazine et j’ai cherché, découpé ce que pouvait bien m’inspirer ces trois mots mis ensemble. Et j’ai fini par trouver. Une image, un article qui illustrait parfaitement la récréation. Un poème s’était même caché dans ce petit texte. J’ai écrit ce que cela m’inspirait, avec toujours mes trois mots en tête. Pour finir, la récréation s’est transformée en acrostiche. La fin de la récré était sifflée.
Cloé Przyluski