Si j’étais un élément de la nature, je serais… l’herbe folle
Je serais l’herbe folle qui pousse là où elle veut. De préférence, là où on ne l’attend pas. Là où c’est le plus difficile de se faire une place. A l’ombre d’un caniveau. Perdue dans un coin de ruelle. Où le climat est le plus hostile. Histoire de montrer de quel bois je me chauffe. Histoire de rappeler que c’est moi la plus forte et qu’on ne m’aura pas comme ça. Je fais ce que je veux et rien ne pourra m’empêcher de m’épanouir là où je l’ai choisi.
Je serais cette herbe qui a fière allure même si elle ne ressemble à rien. Cette herbe qui vit dans l’adversité. Malgré tout ce qu’elle peut subir, elle résiste et ne faiblit pas. Elle fait partie de ces herbes qui, comme le plantain, aiment qu’on leur marche dessus pour rejaillir plus fort encore.
La petite chose perdue sans défense se dresse fièrement sur le chemin. Elle nous fait faire quelques pas de plus pour lui laisser la vie sauve. Hier encore, on ne l’avait pas remarqué. Aujourd’hui, elle saute aux yeux. On ne voit qu’elle. Ça mérite que l’on s’arrête pour la regarder. Lui accorder un moment de considération.
Elle se balance doucement dans le vent. Elle s’offre au regard. Nue dans toute sa splendeur. Elle ne se cache pas. Elle est là. Elle a survécu à l’hiver. Gaillarde, tenace, vivace. Surprise, je suis là ! Ou encore là en haut de ce mur. Elle force l’admiration. Elle aiguise la curiosité. Elle picote là où ça fait mal et ramène les choses à leur juste valeur. Elle rend humble.
On peut toujours passer son chemin et n’y voir qu’une de ces mauvaises herbes qui salissent la rue. On peut aussi la voir comme un appel à la résistance, un appel inexorable vers la vie.
Libre, rebelle, comme un pied de nez à tous ceux qui veulent sa destruction, elle est une déclaration d’indépendance à elle-seule. Elle n’a que faire du temps qui passe. Elle ne demande rien à personne. Elle vit tout simplement. Elle est la vie qui s’impose. La résistance sans les armes.
L’herbe folle dit non. L’herbe folle dit oui. Non à la conformité. Oui à la vie. Oui à ce qui dépasse. Oui à la possibilité. Elle affirme l’idée du possible.
Ne boudons pas notre plaisir à s’offrir cet instant de d’émerveillement face à la beauté de la vie.
Si vous étiez un élément de la nature, que seriez-vous ?
Cloé Przyluski