Ah le silence ! Enfin ! Quel soulagement ! Déposer les armes au milieu de la bataille.
S’arrêter. Dire stop. Tout couper. Silence radio.
Se retirer dans son antre. Et n’en sortir que lorsque l’on aura recouvré ses esprits. Au milieu du bruit, le silence. Et rien d’autre. Fini le brouhaha de l’existence. Bonjour, le repos du cœur. En silence, on respire.
On laisse les sirènes au loin et petit à petit on fait le silence. Tiens, on entend mieux le gazouillis des oiseaux. On se laisse bercer par le calme qui s’installe.
Le silence apaise. Le silence repose.
En silence, nous nous retirons dans le tréfonds de notre âme. Et, dans la quiétude de nos ténèbres, nous faisons retomber la boue. Nous partons à la recherche de la concentration perdue.
En silence, nous conjurons le mauvais sort. En silence, nous réglons nos comptes. En silence, nous faisons le point. En silence, nous écoutons ce qu’il se passe en nous et autour de nous.
En silence, on se laisse emporter loin dans cet autre ailleurs. On s’évade. On passe à autre chose.
Le silence ramène à soi. Il nous mène là où l’on ne pensait pas aller. Il indique ce qui est à venir.
Nous avons besoin de silence pour se retrouver. Avec lui, on se connecte pleinement au présent, à ce qui nous entoure et à nous-mêmes. Rien de plus nécessaire que d’apprendre à se mettre dans sa bulle dès que nécessaire.
Il existe deux sortes de silence. Ce silence salutaire que l’on peine à s’offrir. Un luxe à défendre. Presque une exigence. Et celui, destructeur, que l’on nous demande de garder.
D’un côté, avoir le silence relève de la gageure. Alors même que l’on ne peut se passer du silence comme de l’air que l’on respire. Comme une ressource qui se fait rare. Comme l’extinction des espèces. Cela arrive sans que l’on réagisse.
De l’autre, on nous intime le silence. On nous demande de nous taire. Silence ! Comme dirait le professeur en entrant dans la classe.
En silence, certes, on écoute mieux. Se couper du monde au moins le temps d’un instant est la meilleure façon de revenir au monde. Reposé, disponible, droit dans ses bottes.
Mais, après le silence, vient le temps de la parole pour porter sa voix, son message, sa libre expression.
Cloé Przyluski