On fait des listes, des petites listes, toujours des petites listes. (Gainsbourg, le poinçonneur des lilas) Pour les courses, pour les choses urgentes, pour les choses à faire, pour s’organiser. Pour presque tout en fait. De peur d’oublier. Elles traînent à droite et à gauche. Et au bout d’un moment, on ne sait plus quoi en faire.
La liste a la fâcheuse tendance à se rallonger. On a beau faire, faire, faire et encore faire, cela n’est pas suffisant. La liste n’est jamais finie.
C’est que la liste se fait pressante. Tout ce qui n’est pas fait est encore à faire. Si on fait ça, si ça prend trop de temps alors on n’aura pas le temps de faire cette autre chose urgente sur la liste. Et ainsi de suite. Le stress s’installe.
En vérité, qu’est-ce qui est vital sur la liste ? Ce qui est vital n’y est même pas. On le garde sous le coude au cas où on aura le temps une fois que la liste de tâches sera effectuée.
Sauf que, elle n’est jamais finie cette liste. Et notre quotidien finit par se résumer en une liste de tâches que l’on n’a pas envie de réaliser pour la plupart, mais qu’il faut bien faire. Qu’il faut bien faire, sinon quoi ? La plupart du temps, sinon rien. Si quelque chose n’est pas fait, il ne se passe rien de spécial. C’est comme ça. Et, on ne s’en porte pas plus mal. Ça attendra.
Parfois, ça peut attendre longtemps. Et ça peut rester traîner des mois sur la liste. Car l’envie n’était pas là au départ et n’est toujours pas venue dans le temps.
LA chose à faire sur le moment n’est plus LA chose à faire maintenant. Les tâches sur la liste ont tendance à se périmer. Elles perdent de leur attrait. Leur problème principal, c’est justement d’être sur la liste.
C’est qu’on finit par la prendre en grippe la liste. Censée nous aider, elle nous plombe.
Il est des listes utiles pourtant. La liste de courses évite d’en oublier la moitié et d’avoir à y retourner tous les deux jours. La liste des tâches à ne pas oublier de faire pour organiser un évènement, des travaux par exemple. Juste pour être sûr de ne pas se retrouver le bec dans l’eau.
Dans la liste, il y a aussi certaines idées fixes qui reviennent. Sans cesse. Je ne vois même pas ce qu’elles font dans la liste ces choses-là. Car elles sont si importantes qu’elles devraient faire partie de nos habitudes de vie. Ecrire tous les jours, si c’est ce dont on a vraiment envie, n’a rien à faire sur la fameuse liste décrite plus haut. Ça doit être fait tous les jours sans y penser, comme on se lave les dents.
Elles font partie de la liste des choses que l’on aime faire. Et cette liste-là est beaucoup plus amusante à faire et à suivre au quotidien. Elle n’est pas contraignante. La priorité devrait franchement être donnée à cette liste qui n’en est pas vraiment une. Car c’est la liste qui nous fait du bien.
Et on peut en faire plein des listes de ce genre. Des listes des aliments que l’on aime manger. La liste des endroits qui nous font rêver. La liste des meilleurs films de tous les temps. La liste des chansons que l’on aime écouter pour se donner la patate. La liste des sons que l’on entend autour de soi. La liste des activités que l’on aimerait tester. La liste de ce qu’on préfère dans une saison. La liste des sensations que l’on déteste. Etc…
La liste, on peut la classer par ordre de préférence ou décider du type de classement que l’on veut faire.
La liste, elle a un super pouvoir. Elle a le don de faire ressurgir des souvenirs. Elle permet de les évoquer et de les partager.
Offrir à quelqu’un une liste de disques à découvrir. Une liste de choses que l’on pourrait faire ensemble. Une liste des meilleurs restaurants de sa ville à tester. Tout est possible.
La liste devient un jeu, une source de joie et d’épanouissement puisque l’on se met à évoquer des choses sympas de notre vie. Des choses qui lui donnent de la substance, de la vibration, du sens. Des choses qui donnent de l’élan. Qui font avancer. La listothérapie. Un petit livre sympa sur lequel je suis tombée à la librairie il y a quelques temps déjà.
A deux ou plusieurs, le jeu peut être aussi de préparer chacun une liste de vingt choses que l’on aime et vingt que l’on n’aime pas. A lire à voix haute en alternance. L’un commence par dire ce qu’il aime, l’autre dit ce qu’il n’aime pas et ainsi de suite jusqu’à ce que la liste de chacun soit déroulée.
Allez hop ! Un papier, un crayon. Je commence par me faire la liste des choses qui me font plaisir et je la garde sous la main pour la relire en cas de coup de mou, ou pour la compléter si besoin. Car pour se faire plaisir, la liste est sans fin et c’est tant mieux.
Par Cloé Przyluski