Regarder par la fenêtre et avoir chaud au cœur.

Un dimanche matin, faire comme tous les autres matins, regarder par la fenêtre. Comme à la recherche d’un signe, de la couleur que va prendre la journée. Ou tout simplement regarder le temps qu’il fait pour avoir un indice sur comment s’habiller. La pluie, le vent, le froid. Adieu la jupe.

Se dire tout bas en râlant et clamer tout haut, toujours en maugréant : « il fait un sale temps aujourd’hui ». Et puis se raviser. Non, finalement, c’est un temps d’hiver. Un vrai temps d’hiver. Un temps à ne pas mettre le bout du nez dehors.

Aujourd’hui, le ciel est uniformément gris. Un gris sans fin. Presque stérile. Comme s’il n’y avait rien là-haut au-dessus des nuages. Il pleut. Les toits sont légèrement blancs. Le vent agite le fil électrique. Les volets vibrent sous le vent. La pluie martèle doucement les pavés de la cour et les gouttes emportées par le vent se perdent contre la fenêtre. On est bien au chaud. Sentons par tous les pores de la peau ce simple bonheur d’être au chaud.

On le tient notre prétexte à rester tranquille chez soi. A se plonger dans un bon bouquin pour le reste de la journée. A se concocter un petit plat réconfortant. Sortir les décorations de Noël des cartons et décorer la maison. En musique. Ou se lancer dans la création de décorations avec les moyens du bord. Laisser couler la journée doucement.

Entendre les cloches sonner. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, rien ne les arrête. Il est de ces choses immuables. Qui sont là quoiqu’il arrive. Tellement là que l’on peut ne plus y faire attention. Ça n’a l’air de rien tout ça. En soi, ce ne sont que des petits riens dans l’existence. Ils vont, ils viennent, ils passent, ils reviennent. Mais ils ont le pouvoir de nous ramener au présent. Ils sont comme des repères dans le brouillard.

Les quelques brindilles de végétation qui survivent dans les interstices du mur de pierre font grise mine. La pluie se renforce et avec elle le vent. Non décidément, on ne mettra le nez dehors qu’en cas d’extrême nécessité. Et encore. Tâchons de ne pas forcer la nécessité !

Demain, nous regarderons encore par la même fenêtre et ce que nous verrons sera un nouveau prétexte à toute autre chose. A chaque jour, le détail insignifiant qui modifiera notre façon de voir. On a beau avoir la même chose sous les yeux, rien n’est jamais pareil en fonction du temps qu’il fait et de ce que l’on choisit de faire de ce temps.

Avec toutes ces considérations, le regard perdu dans le vague, on en a oublié le temps qui passe. Finalement on est bien là au chaud.

Cloé Przyluski

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